C’est pas demain la veille – 03/02/2025

Comme toutes les deux semaines, l’Institut des Transitions de l’Université de Rouen Normandie (T.URN) vous propose une veille sur les sujets relatifs à la transition socio-écologique. Au programme cette semaine :

  • les grands principes de l’agroforesterie ;
  • le réchauffement climatique qui accentue les risques d’incendies et de méga-feux ;
  • les énergies renouvelables qui prennent de plus en plus de place dans le mix électrique européen ;
  • l’impact du déficit des universités sur les étudiants ;
  • la Métropole de Rouen Normandie labellisée 4 étoiles « territoire engagé transition écologique » ;
  • 2023 : année record pour le transport de voyageurs en train dans l’Union Européenne ;
  • les actualités TURN : les rencontres du climat de Rouen ;
  • ça se passe à l’Université : les 20h de formation pour les L2 et le colloque HELIOS ;
  • et enfin : la recommandation de la semaine avec le podcast « chaleur humaine ».

Bonne lecture !

BIODIVERSITÉ

"L'agroforesterie, c'est sortir l'arbre de la forêt"

Il s’agissait d’une cohabitation ordinaire avant la mécanisation de l’agriculture : celle des cultures et des arbres (avec le bocage notamment). Aujourd’hui, cette association est remise sur le devant de la scène de par les vertus qu’elle présente (meilleure conservation de la ressource en eau, baisse de l’érosion, enrichissement naturel des sols, etc). Lors de l’exposition « Naturellement » organisée à Rouen courant décembre, Fabien Balaguer membre de l’association française d’agroforesterie en a dressé les grands principes :

  • la forêt représente aujourd’hui 30% du territoire et l’agriculture près de 53% ;
  • l’agroforesterie peut se prêter à différents cadres : élevage, viticulture, arboriculture, cultures céréalières, etc. ;
  • actuellement, le principe d’agroforesterie est opposé à la monoculture et aux politiques de remembrement qui par définition permettent d’augmenter la taille des champs et facilite le passage des engins agricoles. La mise en place de ces pratiques, vertueuses sur bien des aspects (richesse du sol, prolifération d’oiseaux et d’insectes, etc.), nécessite d’accompagner les cultivateurs tant financièrement qu’organisationnellement ;
  • face aux défis qui vont être générés par le changement climatique, cette pratique pourrait être une option particulièrement utile pour le secteur agricole.

CLIMAT

Le réchauffement climatique a rendu les incendies de Los Angeles 35 % plus probables

Comment le changement climatique affecte t-il les survenues d’incendies ou méga-feux ? C’est la question posée par plusieurs chercheurs travaillant pour le réseau international World Weather Attribution (WWA) menant des études d’attribution des évènements extrêmes au réchauffement climatique. Voici les principales informations à retenir :

  • le changement climatique a grandement participé à retarder la saison des pluies sur la région californienne créditant l’hypothèse de feux de forêt incontrôlables y compris en plein hiver ;
  • les conditions propices à un tel brasier, qui a consumé plus de 20 000 hectares, ont été rendues «environ 35 % plus probables en raison du réchauffement, causé principalement par la combustion du pétrole, du gaz et du charbon» ;
  • les périodes automnale et hivernale sont habituellement assez humides, ce qui réduit les risques de prolifération d’incendies. Les faibles précipitations constatées en 2024 sont désormais 2.4 fois plus probables que sur la période 1850-1900 ;
  • ces incendies et les destructions causées par ces derniers amènent un lot de questions fondamentales : comment reconstruire, dans quelle proportion, où reloger les personnes sinistrées et comment accélérer la sortie des hydrocarbures ? Il est tout à fait inconcevable de réimplanter les habitations et infrastructures à l’identique car les occurrences de méga-feux risquent de se rapprocher et de se multiplier à l’avenir. 

ÉNERGIE

Production d’électricité : pour la première fois dans l’UE, le solaire supplante le charbon

Pour la première fois, la production d’électricité a été plus conséquente à partir du photovoltaïque que du charbon en Union Européenne. C’est l’une des grandes constations du rapport produit par EMBER (une organisation européenne visant à accélérer la transition énergétique). Voici ce qu’il faut en retenir :

  • le solaire a contribué à 11,1 % de l’électricité de l’Union, tandis que le charbon est tombé en dessous de 10 % ;
  • la part des énergies renouvelables (éolien, hydraulique, solaire) est en croissance dans le mix électrique européen où elle atteint 47% en 2024 ;
  • certains pays boostent à eux-seuls cette production, comme l’Espagne ou les Pays-Bas où l’augmentation de la production est particulièrement importante ;
  • certains défis pèsent néanmoins : d’ici 2030, le secteur éolien doit plus que doubler sa capacité de production pour se rapprocher des objectifs de 34% d’électricité européenne d’origine photovoltaïque ;
  • et des menaces également… comme celles qui pèsent sur le « Green deal » de l’UE.

VIE ÉTUDIANTE

Déficit : quel sera l’impact sur les étudiants ?

France Universités l’a rappelé à de multiples reprises ce 27 janvier : le déficit qui pèse sur les universités françaises pourrait potentiellement dégrader la qualité de l’enseignement dans les établissements de l’ESR. Voici une synthèse des sujets évoqués :

  • la situation budgétaire, complexe, accentue les difficultés d’embauche d’enseignants à l’Université. Or, « pour que les étudiants réussissent, il faut un taux d’encadrement suffisant en licence », affirme Virginie Dupont, présidente par intérim de France Universités. En effet, 60 établissements universitaires sur 74 affichent un « budget initial 2025 en déficit »  ;
  • certaines formations, comme celle en psychomotricité à la Sorbonne, ont réduit le nombre de places disponibles (120 en 2025 contre 155 en 2024) ;
  • Virginie Dupont et Dean Lewis pointent les risques pour le public : moins de budget c’est moins de doctorants, moins de postes ouverts dans les universités et donc un report possible vers le privé.

TRANSITION ET JUSTICE SOCIALE

Métropole de Rouen Normandie : une transition social-écologique 4 étoiles !

Une métropole engagée : la Métropole de Rouen Normandie (MRN) s’est vue récompensée des 4 étoiles du label Climat-Air-Énergie attribué par la Commission Nationale du label « territoire engagé transition écologique ». Une certification qui souligne les engagements passés et futurs en faveur de la transition écologique et sociale du territoire. Voici un résumé des avancements au niveau local :

  • la COP30 démarrée il y a peu prend le relai de la COP21 initiée en 2017. Cette initiative locale vise à « amplifier la dynamique de mobilisation territoriale » ;
  • avec ces 4 étoiles, Rouen entre dans le TOP10 des métropoles les plus engagées sur les enjeux de transition écologique ;
  • ce label s’appuie sur 61 critères d’évaluation répartis en 6 axes : planification territoriale – patrimoine de la collectivité – approvisionnement énergie, eau, assainissement – mobilité – organisation interne – coopération, communication ;
  • les progrès les plus notables sont les suivants : la décarbonation des transports en commun qui sont de plus en plus diversifiés, des réseaux de chaleur en évolution et en expansion, un réseau de pistes cyclables denses (plus de 200km) et des politiques de préservation de la biodiversité et de renaturation très engagées.

MOBILITÉ

2023, année record pour le transport de voyageurs en train dans l’Union européenne

429 milliards de kilomètres. C’est la distance totale parcourue par les européens sur les lignes de l’UE en 2023. Un record. Alors comment expliquer cette tendance ? Quelques chiffres sur le sujet :
  • 2023 dépasse les chiffres pré-COVID et en particulier l’année 2019 où le nombre de voyageurs-kilomètres (pkm, unité de mesure représentant le transport d’un passager par un moyen de transport sur un kilomètre) avait atteint les 411 milliards de kilomètres ;
  • pour 2023, deux pays sortent du lot en termes de distances parcourues : la France et l’Allemagne (qui totalisent quasiment la moitié des pkm soit 203 milliards) ;
  • information insolite pour finir : deux membres de l’UE ne figurent pas dans le classement car ne sont pas dotés de réseaux ferroviaires : Malte et Chypre.

LES ACTUALITÉS TURN

Les rencontres du climat de Rouen

Les rencontres du climat étaient organisées à Rouen les 22, 23 et 24 janvier derniers. Un large panel de sujets y étaient évoqués comme

  • le rôle des médias dans la perception du changement climatique ;
  • la parentalité et le climat ;
  • la société de consommation et les engagements écologiques ;
  • transformer l’éco-anxiété en levier ;
  • la dynamique des lieux de mobilisation de la transition écologique et sociale ;
  • les écoptimistes contre l’éco-anxiété.

Des ateliers collaboratifs ou jeux pédagogiques étaient également proposés afin de donner un angle différent à ces journées comme l’atelier 2tonnes, ou le « serious play » LEGO visant à soutenir les pratiques de mobilisation. Un grand merci aux organisateurs et aux invités pour la qualité des échanges et notamment : Nabil Wakim, Aude Favre, Cécile Cazenave, Valérie Mas, Dominique Bourg, Manuela Santa Marina, Nathan Obadia, Claire Le Floch, Sarah Alby, Dorothée Moisan, Olivier Codou, Hugo Langlois, Charlotte Goujon et Nicolas Mayer-Rossignol.

CA SE PASSE A L’UNIVERSITÉ

L2 : un nouveau module de formation aux enjeux de la transition écologique

L’Université Rouen Normandie lance un nouveau module de formation aux enjeux du changement climatique à destination de tous les L2 et BUT2 de l’établissement.

La transition écologique représente un enjeu majeur pour notre société, dans un contexte marqué par les conséquences du changement climatique, de l’effondrement de la biodiversité, de la finitude des ressources et du creusement des inégalités sociales. Afin de former les citoyens et professionnels de demain à ces problématiques, un cours intitulé Transition Écologique pour un Développement Soutenable (TEDS) est proposé à l’ensemble des étudiants de 2ᵉ année de premier cycle depuis le second semestre de l’année universitaire 2024-2025. Le cours TEDS est conçu pour offrir une approche interdisciplinaire, combinant des enseignements en ligne et des cours magistraux en présentiel.

Le cours est structuré en deux parties distinctes, pour un total de 20 heures : un MOOC sur les grandes thématiques (8h) et des cours magistraux en présentiel (12h).

Le colloque HELIOS

 Cité-Jardin. Utopies littéraires et expérimentations sociales autour des villes végétales. 

Les 16 et 17 janvier derniers fut organisé un colloque portant un projet de recherche-action soutenu par l’Institut TURN de l’Université Rouen Normandie nommé « HELIOS » (« De la caractérisation spatiale, sanitaire et sociale des pHÉnomènes d’îLots de chaleur urbaIns à l’exploration et l’évaluation de solutiOns d’adaptation fondéeS sur la nature »). Ce projet porte sur la description et la perception de la chaleur urbaine de six sites d’étude implantés sur l’axe de la Seine (Le Havre, Métropole Rouen Normandie, Mantes-la-Jolie, Cergy-Pontoise, Argenteuil), pour une durée de deux ans (2024-2026). Le projet vise aussi à réfléchir sur les modes de vie urbains confrontés aux îlots de chaleur, dans leur dimension économique, sanitaire et sociale, historique et culturelle, comme aux modalités de réintroduction de la « nature » dans l’espace urbain, dans un dialogue avec les décideurs publics.

LA RECOMMANDATION DE LA SEMAINE

Chaque semaine, Nabil Wakim – journaliste au Monde spécialisé sur les questions d’énergie et de climat – reçoit celles et ceux qui pensent et agissent pour faire face au défi climatique.

En clair, on y parle de sujets concrets : « comment fait-on pour se passer des énergies fossiles ? Le mode de conversation est très ouvert, afin que les invités puissent, par leur expertise et leur expérience, apporter des réponses tangibles face aux enjeux climatiques, parler des changements présents et à venir de nos sociétés. »

Début 2025, 10 nouveaux épisodes ont été publiés afin de fournir des idées et renseigner sur des initiatives en cours visant à préserver la biodiversité et agir positivement pour le climat.