C’est pas demain la veille – 20/01/2025

Comme toutes les deux semaines, l’Institut des Transitions de l’Université de Rouen Normandie (T.URN) vous propose une veille sur les sujets relatifs à la transition socio-écologique. Au programme cette semaine :

  • les citoyens invités à recenser les oiseaux des jardins ;
  • le bilan climatique de l’année 2024 pour la France ;
  • l’évolution de la demande mondiale de charbon ;
  • le poids écologique du numérique ;
  • l’engagement des universités pour les congés menstruels ;
  • la dépollution des sols face aux polluants éternels ;
  • les 30 ans du tramway à Rouen.

Bonne lecture !

BIODIVERSITÉ

Les citoyens invités à compter les oiseaux des jardins

Compter les oiseaux que l’on voit dans son jardin ou dans le parc à proximité de son habitation. L’idée peut apparaitre saugrenue mais cette démarche présente un réel intérêt scientifique. C’est d’ailleurs le plus important dispositif français de sciences participatives impliquant le grand public. Comment est-ce que cela fonctionne ?

  • Le « comptage des oiseaux des jardins » est une initiative organisée par l’observatoire des oiseaux des jardins et dont la promotion est faite deux fois par an (le dernier weekend de janvier pour la phase d’hivernage et le dernier weekend de mai pour la phase de reproduction). Pour les plus passionnés, il est toutefois possible de contribuer tout au long de l’année à cette grande opération de comptage ;
  • tout le monde peut y participer : il suffit de choisir un lieu d’observation, de recenser les oiseaux présents et de reporter ses constatations sur le site oiseauxdesjardins.fr
  • ces contributions sont précieuses pour la communauté scientifique étudiant le comportement des oiseaux et l’évolution de leurs populations. Pour l’édition 2024, plus de 500 000 oiseaux ont été comptabilisés.

CLIMAT

Le bilan climatique 2024 en France

Chaude et humide. Voici la formule mise en avant par Météo France pour résumer l’année 2024. En effet, l’année que nous venons de clore fait partie dans le même temps des 10 années les plus pluvieuses et des 5 années les plus chaudes en France.

Voici de quoi est composé le bilan climatique 2024 :

  • + 0.9 °C. L’année 2024 comporte une anomalie de cet ordre par rapport à « la normale » 1991-2020. Cela se manifeste par un accroissement du nombre de jours plus chauds que la normale, qui ont été deux fois plus nombreux que les jours froids pour l’année passée ;
  • l’année 2024 a été excédentaire d’environ 15% en termes de précipitations et est classée dans le top 10 des années les plus humides depuis 1959 (avec une moyenne de 1 000 mm) ;
  • l’ensoleillement a été globalement déficitaire (environ 10%) sauf pour les mois de janvier et août ;
  • l’enneigement fut aléatoire – mais globalement à la baisse, partagé entre le retrait du manteau neigeux dans les massifs pyrénéens et de fortes chutes de neige encore constatées dans certaines régions de haute altitude ;
  • concernant les régions, les températures furent entre +1 et +1.3 °C au-dessus des moyennes de référence 1991-2020.

Si nous poussons l’analyse au niveau de l’échelle planétaire, 2024 est surtout remarquable par le fait qu’elle dépasse de façon inédite le seuil des 1.5 degré de réchauffement du climat mondial. L’observatoire Copernicus a dressé une synthèse des principaux chiffres au regard des évolutions du climat terrestre pour l’année 2024 et celle-ci poursuit une tendance inquiétante : chacune des dix dernières années a été l’une des dix années les plus chaudes jamais enregistrées.

ÉNERGIE

Vers une stabilisation de la demande mondiale de charbon ?

Un nouveau rapport de l’Agence Internationale de l’Énergie (International Energy Agency – IEA) s’interroge sur l’évolution – dans les années à venir – de la demande mondiale de charbon après une année 2024 riche d’enseignements.

Voilà ce qu’il faut en retenir :

  • c’est un nouveau record : en 2024, la consommation mondiale de charbon fut de 8.77 milliards de tonnes ;
  • selon les analyses de l’agence, la demande mondiale en charbon devrait rester du même ordre jusqu’à 2027. Avant d’entamer un déclin ? Cela serait permis par deux éléments : l’intensification des politiques d’installation d’énergies renouvelables à travers le monde et la baisse de la consommation de charbon par la Chine ;
  • la Chine qui a justement multiplié les investissements dans le secteur énergétique et plus particulièrement sur les technologies nucléaires, photovoltaïques et éoliennes ;
  • l’accompagnement des pays ayant une économie précaire ou émergente sera indispensable car le charbon y représente un enjeu stratégique (Vietnam, Indonésie, etc.).

NUMÉRIQUE

Le poids écologique du numérique

Responsabiliser le développement du numérique. C’est le message clé d’un avis publié par l’agence de la transition écologique qui appelle à la prudence vis-à-vis des impacts liés au déploiement des technologies numériques.

Voici les différents points évoqués :

  • la matérialité du virtuel : toute nouvelle technologie inclut de nouveaux équipements compatibles. Les progressions logicielles et techniques ont conduit les ménages et entreprises à s’habituer à la surconsommation d’appareils dont les impacts sur l’environnement ne sont pas neutres (émissions de GES, menaces sur la biodiversité, épuisement des ressources, etc.) ;
  • l’emballement des usages : en deux ans, l’empreinte carbone du numérique a doublé passant de 17 à 29,5 millions de tonnes CO2e par an ;
  • le poids de l’intelligence artificielle : la part du numérique représente 4.4% de l’empreinte carbone de la France et ce chiffre pourrait être multiplié par 3 si des mesures de limitation ne sont pas prises. L’intensification des usages d’outils d’intelligence artificielle représente une réelle menace à ce sujet, car ces outils nécessitent de véhiculer plus de données et donc l’implantation de davantage de centres de données. Résultat : l’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit une hausse de plus de 75 % de leur consommation électrique d’ici à 2026 ;
  • comment limiter l’impact : prolonger la durée de vie de ses appareils, inclure des obligations en termes de durabilité du côté des fabricants, mettre en avant la filière industrielle du reconditionnement, etc. ;
  • l’importance de la sobriété : il va falloir freiner. Faire des choix sur les usages (tant personnels que collectifs) et considérer sérieusement le fait que « digitalisation » ne signifie pas « immatériel ».

VIE ÉTUDIANTE

L'engagement des universités pour les congés menstruels

Depuis septembre 2023, une mesure a été adoptée et mise en place au sein de l’Université Rouen Normandie (URN) permettant aux étudiantes de s’absenter en cas de règles douloureuses. De plus en plus d’établissements universitaires s’engagent sur ce sujet et proposent des congés menstruels à destination de la communauté étudiante (Angers, Amiens, Toulouse, etc.).

Le fonctionnement de ce dispositif :

  • les travaux dirigés (TD) étant obligatoires, ce congé fournit un droit d’absence en cas d’indisposition ;
  • aucun justificatif n’est nécessaire. Les professeurs doivent néanmoins être informés par les étudiantes des absences et de leur motif.

MULTIRISQUE

La dépollution des sols face aux polluants éternels

« PFAS », « polluants éternels ». Voici deux appellations courantes que nous avons pu lire dans les médias spécialisés et généralistes depuis quelques jours et qui évoquent toutes deux les substances per- et polyfluoroalkylées, des produits chimiques de synthèse qui ont contaminé un grand nombre des sols du monde.

Quelques explications :

  • considérées comme « source de la plus grande pollution jamais connue », ces substances chimiques sont produites pour différents usages industriels (pesticides, poêles antiadhésives, peintures, etc.). Une fois déversées dans la nature, ces substances sont – de par leurs propriétés – difficilement éliminables et « là pour des centaines et sans doute des milliers d’années » ; 
  • l’exposition à ces « composés » est très nocive pour la santé humaine. Les études sur les impacts sanitaires de cette pollution se multiplient et font un lien avec diverses maladies ou pathologies (différentes typologies de cancers, l’obésité, l’hypothyroïdie, diabète, infertilité, etc.) ; 
  • on les retrouve partout : dans l’eau de pluie des plus hautes montagnes, dans les nappes phréatiques, dans la faune et la flore.. et donc chez l’humain ;
  • en 2023, le média Le Monde mettait en ligne une carte interactive permettant « d’explorer la carte d’Europe de la contamination par les PFAS ». Les données utilisées étaient alors empruntées à différents laboratoires universitaires du monde entier (dont le CNRS) ;
  • en janvier 2025, Le Monde toujours révélait le coût de la dépollution estimé pour traiter cette problématique : 100 milliards d’euros par an, simplement pour l’Europe, « à perpétuité ». Cette enquête a été réalisée à l’échelle internationale avec plusieurs dizaines d’équipes de journalistes, chercheurs et juristes (et a donné lieu à plusieurs publications).

MOBILITÉ

Les 30 ans du tramway

Le tramway de Rouen a 30 ans ! Ouvertes en décembre 1994, les deux lignes ont transporté durant 3 décennies plus de 17 millions de passagers.

A l’occasion de cet anniversaire, le réseau Astuce (opérateur de mobilité au sein de la métropole) multiplie les rétrospectives témoignant des évolutions connues par ces infrastructures. En espérant voir circuler encore de nombreuses années celui que l’on appelle parfois « métro ».. à tort.

LES ACTUALITÉS TURN

L'installation des panneaux biodiversité

En marchant sur le campus pour vous rendre en cours ou au travail, vous les avez surement déjà aperçus. Mais qu’est-ce que c’est que ces totems en bois avec des panneaux blancs parlant d’oiseaux et d’arbres ?

Ce sont les nouveaux panneaux pédagogiques sur la biodiversité qui ont été déployé sur le campus de Mont-Saint-Aignan, le campus d’Évreux et le campus Sciences et ingénierie du Madrillet, depuis novembre 2024. Ils sont huit au total :

  • 5 totems pour apprendre à connaître neuf oiseaux présents sur les campus (3 à MSA, 1 à Évreux et 1 au Madrillet) ;
  • 2 panneaux présentant les particularités de deux espèces d’arbre, le platane et le bouleau, ont été installés sur l’esplanade de la BU de Mont-Saint-Aignan, devant les arbres en question ;
  • Un grand panneau expliquant ce qu’est une prairie, l’intérêt écologique et ce qui menace ce milieu naturel, a été implanté sur le site de l’INSPE, devant l’ancienne piste d’athlétisme qui a été reconvertie en prairie fleurie en 2022.

Alexandre Padet responsable du pôle Ecocampus à l’Institut T.URN et chef de projets biodiversité – a résumé cette démarche par le besoin de communiquer plus concrètement avec les étudiants sur la faune et la flore qui les entourent.

"Les panneaux sur les arbres sont placés devant les espèces dont ils parlent. Tous ceux qui passeront devant les panneaux pendant plusieurs années devraient finir par associer le nom de l’espèce avec l’arbre en question"

La présentation de la démarche par Alexandre est à retrouver en intégralité sur le portail universitaire de l’URN.

CA SE PASSE A L’UNIVERSITÉ

LES JEUDI TURN

Tous les premiers jeudis du mois, sur la pause méridienne, l’équipe de l’Institut T.URN vous propose de découvrir une de ses thématiques de travail. Le 9 janvier dernier, la première session portant sur la biodiversité et plus particulièrement les oiseaux communs a rassemblé une quinzaine de curieux (comme en témoigne la photo ci-dessous).

La prochaine session aura lieu le jeudi 6 février à l’Atelier (MDU) et portera sur la mobilité bas carbone.

LES CHANTIERS NATURE

Étudiants et étudiantes de l’URN et membres de la communauté universitaire, retroussez vos manches pour la biodiversité !

L’Institut T.URN vous propose de venir participer à des chantiers nature, les premiers vendredis de chaque mois. En partenariat avec la Métropole Rouen Normandie, vous pourrez découvrir et aider à restaurer les milieux naturels du territoire.

Le prochain chantier sera organisé à Darnetal, le 7 février.