Comme toutes les deux semaines, l’Institut des Transitions de l’Université de Rouen Normandie (T.URN) vous propose une veille sur les sujets relatifs à la transition socio-écologique. Au programme cette semaine :
- le dernier rapport de l’IPBES ;
- la sortie de la plateforme « comprendre2050 » du Shift Project, de l’ADEME et de Negawatt ;
- le rapport de GreenIT sur le numérique responsable ;
- la sortie du rapport de France Assureurs sur la situation assurantielle française ;
- la tentative suisse inédite de légiférer sur les limites planétaires ;
- les actualités TURN : la collecte de déchets du BDE LSH ;
- ça se passe à l’Université : la Coalition du Numérique Responsable et le prochain jeudi TURN ;
- et enfin : la recommandation de la semaine avec le podcast « Sismique ».
Bonne lecture !
BIODIVERSITÉ
"Toutes les crises sont connectées entre elles" selon l'IPBES

Le 17 septembre dernier, la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) a rendu sa dernière copie appelée « Nexus ». Dans cette dernière, des liens clairs ont été établis entre les crises environnementales, économiques et sociales. Voilà ce qu’il faut en retenir :
- une première évaluation de l’état de santé de la biodiversité mondiale a été réalisée en 2019. Ce deuxième rapport fut réalisé grâce à la collaboration de 165 experts internationaux ;
- les menaces s’alimentent les unes les autres et se renforcent : l’effondrement de la biodiversité par exemple a des effets directs sur l’accentuation des occurrences des pénuries d’eau et alimentaires, des pandémies mondiales et de l’aggravation de la dérive climatique ;
- restaurer la biodiversité et les écosystèmes est un axe primordial qui doit transparaitre dans les politiques actuelles et futures. Limiter l’usage des produits phytosanitaires, recréer et protéger les zones humides, ou encore favoriser la captation de l’eau par les sols doivent être des priorités ;
- le 18 août 2024, le règlement sur la restauration de la nature est entré en vigueur. Il mentionne des objectifs ambitieux : remettre en bon état, d’ici à 2030, au moins 30% de certains habitats spécifiques en mauvais état, puis 60% de ces habitats en mauvais état d’ici à 2040 et 90% d’ici à 2050.
CLIMAT - ÉNERGIE
Sortie de la plateforme « comprendre2050 »

Afin de donner une meilleure visibilité des travaux de prospective réalisés depuis 2020, l’ADEME, RTE, négaWatt, et le Shift Project ont designé et mis en ligne une plateforme nommée « comprendre2050 ». Voici ses objectifs :
- issu d’une collaboration inédite, ce site fournit des éléments de compréhension et de vulgarisation à propos des plans touchant aux enjeux environnementaux, énergétiques et climatiques ;
- ce travail de « décryptage » cumule et présente une quantité assez importante de scénarios de transition à horizon 2050 comme : les futurs énergétiques 2050 de RTE, le scénario négaWatt proposé en 2022, les transition(s) 2050 de l’ADEME, le Plan de Transformation de l’Economie Française du Shift Project, ou encore la Stratégie nationale bas carbone ;
- chacun des scénarios présentés est abordé sous le prisme de la faisabilité technique et physique. Afin de dresser un chemin cohérent et faisable vers la « neutralité carbone », le rôle de chacun des acteurs est précisé afin de permettre une projection plus aisée ;
- ouvert à tous, ce site s’adresse plus particulièrement aux institutionnels, aux décideurs et acteurs de la société civile.
NUMÉRIQUE
"Le numérique représente 40 % du budget annuel soutenable d’une personne"

GreenIT est une association française pionnière sur le sujet du numérique responsable. Fondée en 2022 sur des réseaux existants depuis 2004, elle tente de fournir à la société civile son expertise technique pour l’aider à orienter le numérique vers des pratiques ayant le moins d’impacts délétères pour l’environnement. Elle a publié en 2025 une étude sur l’impact environnemental du numérique à l’échelle mondiale. Voici ce qu’il faut en retenir :
- si le numérique était un pays, il émettrait 5.5 fois plus d’émissions de GES que la France ;
- on décomptait en 2023 cinq milliards d’internautes sur la planète, soit une hausse de 30% en quatre ans. Ces internautes détiennent en moyenne six équipements connectés, smartphone, ordinateur, enceintes ou téléviseurs ;
- l’intelligence artificielle représente à elle seule presque 5% des émissions du numérique ;
- le nombre d’objets connectés a été multiplié par 15 entre 2010 et 2023. On peut imputer à ces derniers 10% de l’électricité mondiale consommée par le secteur du numérique ;
- si on prend le seul cas des téléviseurs, ils représentent à eux seuls 25% de l’épuisement des ressources minéraux et métaux de l’ensemble du secteur du numérique ;
- parmi les impacts les plus lourds du secteur, c’est l’utilisation des ressources, minerais et métaux qui est le plus fort devant les émissions de GES ;
- les recommandations et précautions avancées par l’association portent sur les réflexions qui doivent avoir impérativement lieu sur l’usage et des objets connectés et de l’intelligence artificielle dont les impacts environnementaux sont exponentiels.
MULTIRISQUES
Cartographie prospective 2025 de l'assurance

C’était un rapport attendu à la vue du contexte global. La cartographie prospective 2025 de l’assurance a été réalisée par la commission d’analyse des risques de France Assureurs sur la base de témoignages et constats des dirigeants de la profession. Voici quelques éléments marquants que l’on peut retrouver dans ce document :
- le questionnaire transmis aux experts du monde assurantiel les invitait à s’exprimer à propos de trois thématiques : l’identification des menaces émergentes, l’identification des défis pour le secteur et l’identification des trois principaux risques pour la société française ;
- parmi les grands risques identifiés pour les entreprises d’assurance et donc pour le système assurantiel français, sont mis en avant les cyberattaques et le changement climatique ;
- concernant les principales menaces pour la société française d’après les assureurs, le changement climatique et les inégalités sociales figurent parmi les premiers risques ;
- l’une des principales menaces liées au risque changement climatique est la possible inassurabilité des actifs, biens et infrastructures ;
- depuis le début de l’année 2025 plus de 1500 communes sont concernées par un défaut d’assurance ou une hausse exponentielle des tarifs d’assurance ;
- l’un des grands questionnements qui transparait dans ce rapport est le suivant : comment continuer à couvrir certains risques dont l’accroissement des dommages vient pénaliser l’équilibre technique d’autres risques ?
TRANSITION ET JUSTICE SOCIALE
La tentative suisse de légiférer sur les limites planétaires

Le 9 février dernier, les citoyens suisses étaient invités à s’exprimer au sujet d’une initiative populaire nommée « pour une économie respectant les limites planétaires ». Initiative unique portée par le parti suisse les « Jeunes Vert.e.x.s », voici ce que contenait ce texte :
- l’encadrement des activités économiques suisses dans les limites biophysiques du territoire. De sorte à ne plus être concerné, au niveau national, par « le jour du dépassement » ;
- les enjeux sont de taille car, selon un rapport Greenpeace, la Suisse dépasse 19 fois le seuil « des limites planétaires en ce qui concerne le climat (émissions de CO2) et 3,8 fois pour la perte de biodiversité » ;
- les réactions à cette initiative ont été nombreuses, les citoyens craignant des atteintes fortes à l’économie suisse pouvant engendrer une dégradation des conditions de vie des populations.
La proposition a été rejetée à presque 70% par les votants des 26 cantons. Néanmoins, la nouveauté de la démarche est à saluer. De plus, plusieurs élus ont signalé que ce non n’était pas « un “non” à la protection de l’environnement » comme en témoignait Albert Rösti, conseiller fédéral en charge de l’environnement. Le résultat du vote n’en a pas pour autant découragé les organisations écologistes suisses, bien décidées à inscrire le concept des limites planétaires dans la Constitution.
LES ACTUALITÉS TURN
Organisation d'une collecte de déchets avec le BDE LSH


Le 11 février dernier, à l’initiative du BDE Lettres et Sciences Humaines (LSH), une collecte de déchets était organisée sur le campus de Mont-Saint-Aignan. Cet évènement s’est déroulé en deux parties :
- un atelier collaboratif d’une heure ;
- une balade de « ramassage » de presque deux heures.
Cette démarche visait à diffuser de l’information sur la thématique (les ordres de grandeur sur la production de déchets, les dispositifs existants au niveau local, etc.) dans un cadre convivial. Pour la seconde partie de l’après-midi, le matériel de collecte a été prêté par l’Institut TURN et une petite dizaine de sacs poubelles ont été remplis à l’issue de cette opération. Une bonne occasion de vérifier, par la pratique, que salubrité et qualité de vie étudiante vont de pair.
Merci aux participantes et aux participants !
CA SE PASSE A L’UNIVERSITÉ
COALITION DU NUMÉRIQUE RESPONSABLE
LES JEUDI TURN
Dans le contexte de la COP21, les entreprises, les écoles de l’enseignement supérieur, les collectivités et administrations ont la possibilité de bénéficier d’un accompagnement opérationnel spécialement conçu pour lutter contre le réchauffement climatique en se focalisant sur le numérique.
L’Université de Rouen Normandie va participer à la 4ème promotion du parcours de la « Coalition du Numérique Responsable » organisée par la Métropole de Rouen ou l’ADEME. Représentant environ 2% des émissions de GES à l’échelle nationale, le numérique pourrait atteindre les 7% d’ici 2040. Ainsi, afin de poursuivre la volonté d’établissement de limiter le plus possible les impacts du numérique, le choix a été fait d’intégrer ce parcours.
Tous les premiers jeudis du mois, sur la pause méridienne, l’équipe de l’Institut T.URN vous propose de découvrir une de ses thématiques de travail.
La prochaine session aura lieu le jeudi 6 mars de 12h15 à 13h15 à l’Atelier (MDU) et portera sur le sujet « crise écologique et colonialisme » avec Patrick Suter comme invité. Ce dernier est professeur de littératures de langue française contemporaines à l’Université de Berne et écrivain. Ses champs de recherche comprennent les relations entre presse et littérature, les avant-gardes, l’interculturalité et les frontières, ainsi que la relation entre art, culture et écologie.
LA RECOMMANDATION DE LA SEMAINE

« Le monde change et on y comprend rien ». C’est ainsi que démarre la présentation de ce podcast qui met en lumière « celles et ceux qui pensent la complexité du monde, qui explorent les forces à l’œuvre et leurs enjeux, qui sont déjà dans l’action pour préparer demain, celles et ceux qui peuvent nous aider à trouver des débuts de réponses à ces questions essentielles… pour nous aider à agir en conscience ».
Julien Devaureix, le créateur de ce podcast, a réalisé plus de 150 épisodes en 6 ans. Il a donné la parole à de nombreux acteurs travaillant sur le sujet de la transition écologique, tant enseignant que chercheur, décideur ou militant. Des épisodes souvent pointus à écouter sans modération.