Cycles de séminaires transversaux du CÉRÉdI sur “La forêt”

Le CEREDI organise un cycle de séminaires du 7 février au 21 mars 2023 sur le thème de la forêt. Les séminaires ont lieu en présentiel de 15h30 à 17h30 dans la salle du conseil de l’UFR Lettres (Bâtiment A/3 – 3ème étage – Campus de Mont-Saint-Aignan).

Les séances pourront également être suivies en distanciel en se connectant à l’adresse : https://webconf.univ-rouen.fr/greenlight/led-pnn-ffh-oru

La forêt
Littérature, arts, musique

Comme le constate Robert Harrisson dans Forêts : essai sur l’imaginaire occidental
(Flammarion, 1992), « les forêts tapissent les profondeurs de notre mémoire culturelle. Elles sont les frontières qui nous définissent : sans ces contrées où la civilisation
projette ses fantasmes et ses peurs, nous n’habiterions pas notre monde de la même
manière.
» La littérature et les arts peuvent être les lieux privilégiés d’une réflexion
sur la place qu’occupe la forêt dans notre imaginaire. Le choix d’un séminaire de recherche portant sur la forêt se situe dans le sillage de perspectives écocritiques et
écopoétiques, dont l’un des enjeux est de penser/déchiffrer/traverser un lieu a priori
bien connu mais avec de nouveaux outils épistémologiques, tels que la « poémisation »
du lieu, selon l’expression de Jonathan Bate (Romantic Ecology. Wordsworth and the
Environmental Tradition) – ce qui suppose de considérer l’œuvre littéraire ou artistique
comme expression de l’oikos (le lieu où l’on vit). 

Loin de se limiter à une étude thématique de la forêt dans telle œuvre ou à telle
époque, il s’agit d’appréhender la forêt comme élément central de l’imaginaire environnemental, inscrit dans un temps long et dans des pratiques artistiques variées.
L’étymologie incertaine de « forêt » offre d’emblée un terrain d’investigation et soulève
plusieurs questionnements. Selon certains, le mot viendrait du latin foris qui signifie
« en dehors », suggérant tout milieu extérieur à la civilisation, un lieu sauvage, potentiellement peu accueillant, voire un lieu « barbare » ; certains historiens pensent que
le terme désigne tout extérieur au sens juridique : une réserve destinée à la chasse. À
l’idée de forêt est aussi liée celle de refuge – que l’on songe aux aventures de Robin des
bois ou à l’usage que Hugo fait de la forêt dans Quatrevingt-treize, etc.

Il s’agit aussi d’explorer la manière dont les créateurs ont intégré les notions d’observation/préservation/conservation de la forêt, fût-ce dans une perspective poétique ou
symbolique. Une « proto-écopoétique » peut par exemple être envisagée, en revisitant
des œuvres patrimoniales ou plus rares à la lumière de nouvelles méthodes d’investigation, ou simplement en relisant les œuvres au prisme de l’écopoétique. L’exemple
d’Oberman de Senancour (1804) prouve que la description récurrente de la forêt ne se
réduit pas à la seule mise en scène des émotions face au spectacle de la nature : « Une
forêt remplie de bêtes fauves perdra beaucoup si elle n’en contient plus
», constate par
exemple le narrateur d’Oberman (Lettre XXV). En l’occurrence, les « lieux communs »
du romantisme, étudiés et fixés par la critique, peuvent être reconsidérés dans une
perspective de lucidité environnementale, ou à tout le moins d’une conscience de la
spécificité biologique de la forêt. 

L’identité des forêts est en effet étroitement liée à la conscience de soi. Sa faune et sa flore surdéterminent en effet un héritage géographique, social, culturel. Dans les Scènes de la forêt (Waldszenen, 1849), Robert Schumann exprime par exemple les liens psychiques profonds que l’homme entretient avec la forêt, à travers la recherche de l’harmonie fragile entre l’homme et la forêt, espace fortement empreint de sacralité, mais également marqué par les travaux et les jours de l’humanité. Le cycle pianistique décline une série de lieux de rencontre entre l’homme et la forêt : observation et promenade, jeu et gravité, bruits et silences, beauté et peur, magie et féérie, mystère et mort, refuge, fuite de la civilisation.

Programme

7 février 2023

15h30-17h30

Salle du conseil -Bât. A/3

« Scènes de la forêt ». Introduction au séminaire (Sylvain LEDDA)
« Écocritique et écopoétique : mise au point théorique » (Thierry ROGER)
« Les arbres qui marchent », variations sur Les Métamorphoses d’Ovide (Sandra PROVINI)

  • Littérature et musique, théorie littéraire, transferts culturels

« Ronsard écopoète ? » (Xavier BONNIER)
« La forêt dans l’opéra » (Mario ARMELLINI)

  • Poésie, musicologie

14 février 2023

15h30-17h30

Salle du conseil -Bât. A/3

28 février 2023

15h30-17h30

Salle du conseil -Bât. A/3

« La forêt dans le roman médiéval » (Hubert HECKMANN)
« Les épithètes associées à la forêt » (Laëtitia GONON)

  • Stylistique, imaginaire et représentation

« La forêt des Encyclopédistes » (Laurence MACÉ)
« «Les vastes forêts se changèrent en des campagnes riantes…» : Rousseau et la forêt » (Floriane DAGUISÉ)

  • Littérature et histoire des idées

7 mars 2023

15h30-17h30

Salle du conseil -Bât. A/3

14 mars 2023

15h30-17h30

Salle du conseil -Bât. A/3

« Forêts mal famées, repaires de brigands » (Florence FIX)
« La forêt, l’envers de la guerre ? » (Olivier BELIN)

  • Littérature, anthropologie, société, transmédialité

« “La cabane dans les bois” – exploration musico-filmique du Teen slasher » (Cécile
CARAYOL)
« L’Imaginaire de la forêt dans le théâtre et la danse contemporaine » (Florence
FILIPPI)
En guise de conclusion : « Autour de la forêt de Fontainebleau » (Sylvain LEDDA,
Thierry ROGER, François VANOOSTHUYSE)

  • Musicologie, représentations, société

21 mars 2023

15h30-17h30

Salle du conseil -Bât. A/3

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