Sport & environnement : laissons la planète gagner

Comment en est-on arrivé là ? 2022 est l’année d’un Mondial de foot sous 40° au Qatar dans des stades climatisés et des Olympiades d’hiver dans une région où les hivers sont secs et où il ne neige quasiment pas. 

Le sport, victime et responsable du réchauffement climatique

Comme tout à chacun, le monde du sport est à la fois victime et responsable du réchauffement climatique. D’un côté, tous les sports sont affectés par l’augmentation des températures, la pollution de l’air, la pollution de l’eau ou encore la dégradation des sols. Depuis les années 70, les Alpes ont perdu environ un mois d’enneigement et à terme 2/3 des stations de basse et moyenne montagne françaises ne seront plus des stations d’hiver en 2050. L’effet boule de neige liée au réchauffement climatique aura des conséquences économiques, sociales et environnementales pour les stations de ski, mais aussi pour toutes les zones aux alentours. En effet, la réduction de l’enneigement et l’accélération de la fonte des neiges au printemps modifient le débit des rivières et affectent par ricochet les écosystèmes et la gestion de l’eau pour les agriculteurs, les habitants, les producteurs d’hydroélectricité, etc. Les stations de ski ne sont pas les seules victimes du réchauffement. Dans les zones plus chaudes, d’autres événements sportifs sont déplacés la nuit pour éviter des températures trop fortes en journée.

De l’autre côté, le monde du sport a sa part de responsabilité par les déchets qu’ils génèrent, les transports qu’il induit et la consommation exponentielle de ressources que ces activités provoquent (construction d’infrastructures, production de matériel, industrie textile, etc.). Tous les quatre ans, le pays organisateur des Jeux Olympiques essuie des critiques sur l’impact environnemental et social de l’événement mondial. On parle aujourd’hui des « JO de la honte », mais on parlait déjà des « JO d’hiver les plus controversés de l’histoire » en 2014 à Sotchi. À chaque fois, ce sont des hectares de forêt qui sont rasées et des populations déplacées pour construire les infrastructures nécessaires au Jeux. S’y ajoute parfois un climat politique tendu. De plus, la retranscription à la télévision des Jeux Olympiques requiert 2 térawatts d’énergie pour seulement 16 jours de Jeux, c’est-à-dire l’équivalent de la consommation annuel d’énergie de 400 000 français.

Les grands événements sportifs internationaux, de type Jeux Olympiques ou Coupe du monde de football, émettent entre 1,5 et 4 millions de tonnes équivalent CO2 de GES. Un sportif de haut niveau émet entre 80 et 150 tonnes équivalents CO2 rien que pour ses transports sportifs. Or, pour ne pas contribuer au réchauffement climatique, il conviendrait que chaque habitant de la terre n’émette pas plus de 2 tonnes équivalent CO2 pour ses transports, son habitation et son alimentation.

Il faut 100 millions de mètres cube d’eau pour arroser l’ensemble des terrains de football en gazon naturel français chaque année (Fondation du football) et la même quantité de neige artificielle pour le seul arc alpin. L’ensemble des parcours de golf de la planète nécessite 3,5 milliards de mètres cube d’eau par an.

Quant aux déchets, 1 million de bouteilles plastiques sont jetées dans les bas-côtés lors des 4 plus grandes courses parisiennes (SVPlanète). Chaque année, le tour de France produit 12 000 tonnes de déchets et 12 à 15 millions de goodies en 3 semaines (SVPlanète).

Comment faire équipe avec la planète ?

Le 22 février 2022, l’Université de Rouen Normandie a accueilli la 146ème Conférence du Sport Professionnel. Des étudiants du Master 2 Management et Marketing des Structures Sportives Professionnelles de l’Université de Rouen Normandie ont invité Julien Pierre, CEO de Fair Play For Planet et ancien rugbyman de haut niveau dans le cadre d’une conférence autour des enjeux de transition écologique dans le sport. Environ 150 personnes ont participé à la conférence et des acteurs du sport, comme le CETAPS, le CROS Normandie et l’Académie Nationale Olympique Française, ainsi que des acteurs la RSE étaient aussi mobilisées afin d’échanger avec les participants.

Retrouvez la conférence complète juste ici.

 

À l’échelle nationale, la mission ministérielle Sport et développement durable travaille à la prise en compte des enjeux climatiques et de biodiversité en accompagnant tout l’écosystème sport dans sa transition écologique. La mission travaille pour réduire l’impact de l’écosystème sportif sur l’environnement et plus que d’accélérer le développement d’un sport durable, la mission souhaite aussi utiliser le sport pour favoriser la transition écologique. Grâce à ses valeurs, le monde sportif a la capacité de modifier les comportements individuels et collectifs et a un rôle central dans l’éducation des publics jeunes.

La mission Sport et développement durable est guidée par différents cadres stratégiques nationaux, tels que :

Voici une liste non-exhaustive d’outils en libre accès à destination des responsables d’événements sportifs :

  • Adere : un outil d’auto diagnostic environnemental développé par l’Ademe pour les événements sportifs et culturels.
  • Optimouv : un outil pour réduire les gaz à effets de serre générés à l’occasion des déplacements sportifs. L’outil développé par le ministère chargé de sports permet de réduire d’au moins 15 % les déplacements des rencontres sportives sans en réduire le nombre.
  • Le site du ministère des Sports regroupe un ensemble de solutions, dont Optimouv et un module de formation bénévoles aux enjeux du développement durable sur un événement sportif éco-responsable.
  • Le Guide Sport Planète de la Maif regroupe un ensemble de pistes et de ressources pour rendre les manifestations sportives plus respectueuses de l’environnement. Vous y trouverez notamment la « to do list » des actions à mener pour réussir un événement écoresponsable.

Il existe aussi de nombreux label pour encadrer et valoriser les professionnels du monde du sport soucieux de l’environnement et du développement durable, comme par exemple le label Fair Play for Planet, le label « Eco-games », ou encore Le Label « Développement durable, le sport s’engage ».

À vous de jouer !

Garance Lefranc

Garance Lefranc

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