Offrir des lieux de nidification
L’heure n’est plus à entretenir le constat global de la chute inquiétante de la biodiversité, mais à l’action.
Un des facteurs anthropiques incriminés par l’IPBES – la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité – dans un rapport de 2019, est la raréfaction des habitats. Entre autres, les abris dans lesquels les passereaux pondent et élèvent leurs petits – cavités naturelles, vieux arbres ou arbres morts et haies vives – ont disparu des paysages urbains. Privées de lieu de reproduction, les populations d’oiseaux diminuent en conséquence.
Notre campus n’est pas épargné et comme de nombreux espaces urbains, il n’offre plus suffisamment d’espaces de nidification ni de ressources alimentaires. Aussi, sur 25 hectares, il n’abrite plus que 20 espèces d’oiseaux dont seulement 6 nicheuses, quand le territoire de la commune de Mont-Saint-Aignan en accueille en tout 64 dont 52 nicheuses (Atlas de la biodiversité communale de Mont-Saint-Aignan, LPO Normandie et CEN Normandie).
L’humain est l’entier responsable de cette dégradation et il est temps d’inverser la tendance et de remettre à disposition des lieux de nidification. Le meilleur nichoir pour les oiseaux est à l’évidence leur habitat naturel : une haie, un arbre creux, un bosquet… Mais en attendant de retrouver suffisamment de ces cavités pour assurer une réelle reconquête du territoire par les mésanges et autres gobemouches, proposer des nichoirs est une piste sérieuse pour initier un repeuplement aviaire.
Une grande opération de plus de 80 nichoirs
C’est dans cette perspective que l’Université de Rouen Normandie, appuyée sur son Service responsabilité sociétale et développement durable, s’investit dans le déploiement de 81 nichoirs sur les campus de Mont-Saint-Aignan et du Madrillet. Le campus historique de l’Université en accueillera 58 et celui de Saint-Étienne-du-Rouvray 23. Trois catégories de nichoirs seront posés pour offrir des possibilités d’occupation à un maximum d’espèces. Ainsi sont visés : les mésanges (charbonnières, bleues, à longue queue…), le gobemouche gris, le moineau domestique, la bergeronnette grise, le rouge-gorge familier, le rougequeue noir ou encore le troglodyte mignon, selon les espaces où seront implantés les abris.
L’opération de pose a commencé il y a une quinzaine de jours. À l’occasion d’un déplacement sur un de nos campus, vous aurez peut-être l’occasion d’apercevoir nos collègues en action sur une échelle ! Il ne faudra pas moins d’une dizaine de jours de travail pour déployer l’ensemble des nichoirs, opération qui doit se clore avant la mi-mars lorsque les oiseaux vont commencer à s’installer.
Toutes et tous observatrices/teurs
Afin de mesurer l’impact de l’initiative, un protocole de suivi a été élaboré. Et pour renforcer les données, les témoins présents sur les campus sont invités à envoyer leurs observations (idéalement accompagnées d’une photo) au Service responsabilité sociétale et développement durable (rachel.hebert-lafontaine@univ-rouen.fr) avec les informations suivantes :
– Nichoir concerné (chacun possède un code écrit au marqueur)
– Observation : nombre d’oiseaux, espèce et sexe si ils sont reconnus (sinon éventuellement les couleurs de l’oiseau), le jour et l’heure + si l’observateur a la chance de rester un instant : que faisait l’oiseau ou les oiseaux observés ?
Les données récoltées seront intégrées au suivi et seront d’une grande aide pour évaluer l’initiative et l’améliorer. Des comptes-rendus seront diffusés régulièrement.
Au-delà d’un retour des oiseaux, nous espérons que cette opération sera aussi l’occasion d’amener chacun-e-s à observer la faune nos campus et de faire éclore la volonté de protéger leur biodiversité.
Une très belle initiative.
Bonjour Rachel,
Disposez-vous d’en plan d’implantation de ces nichoirs sur le campus du Madrillet ?
Faisant partie du collectif “Naturopole du Madrillet” qui s’est constitué au printemps 2019, et encadrant un projet étudiant portant sur l’instrumentation (principalement pour l’instant de caméras) de nichoirs pour le suivi des espèces sur le site, j’aurais aimé avoir ces informations d’implantation et plus d’informations sur les types de nichoirs qui seront posés et sur les critères retenus pour décider où les installer. C’est la mission DD&RS qui se charge de l’installation de ces nichoirs ?
Très beau projet ! Les choses avancent enfin. Avec tout ça, il sera peut-être possible d’observer l’épervier sur le campus !