Les usages du numérique font partie intégrante de nos activités quotidiennes professionnelles et personnelles. Si le numérique a de nombreux avantages comme le perfectionnement des simulations et modélisations grâce à l’amélioration des temps de calcul, la possibilité de communiquer instantanément ou encore de stocker de grands volumes de donnés, il est bon de questionner son impact sur l’environnement. En effet, il semble de prime abord, n’avoir que des avantages puisqu’il permet, entre autres, de réduire les déplacements, de consommer moins d’encre et de papier, de favoriser le partage… Or, la multiplication des équipements et du stockage de données a des impacts sur l’environnement, notamment en termes de consommations d’énergies et de matières premières (voir à ce sujet le guide pratique de l’Ademe La Face cachée du numérique). L’empreinte écologique du numérique représente aujourd’hui, selon l’Autorité de Régulation des Communications Électroniques (ARCEP), « 3 à 4 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le monde et 2,5 % de l’empreinte carbone [de la France] » et ne cessera de croître si rien n’est fait. Un rapport de la Mission d’information sur l’empreinte environnementale du numérique du Sénat estime, en ce sens, que cette empreinte pourrait augmenter de 60 % d’ici à 2040 pour atteindre 6,7 % des émissions de GES de la France.
La notion de numérique responsable a ainsi été récemment forgée pour faire face à l’enjeu environnemental que représente ce secteur. Celle-ci est défini par le Label NR « comme une démarche d’amélioration continue qui vise à réduire l’impact écologique, économique et sociale des technologies de l’information et de la communication (TIC) ». Consciente de cet enjeu, l’équipe de direction de l’établissement a placé cette notion au cœur des réflexions de l’Université de Rouen Normandie via la mise en place, le 24 janvier 2022, d’un groupe de travail (GT) dédié tandis qu’en parallèle, des initiatives portées par des unités de recherches émergent, à l’instar de la semaine du tri numérique réalisée par l’UMR CNRS 6634 GPM.
Cette semaine du tri numérique, organisée du 29 août au 2 septembre 2022 par le groupe de travail DDRS du GPM et soutenu par la direction du laboratoire, était motivé par une problématique extrêmement concrète, à savoir la quasi-saturation des capacités de stockage de l’architecture numérique du laboratoire. L’objectif de cette semaine fut de sensibiliser les membres du laboratoire aux bonnes pratiques de la sobriété numérique et de la science ouverte. Ce couple sobriété numérique/science ouverte permettait d’introduire une réflexion systémique en insistant sur le fait que le tri des données numériques ne doit pas seulement se résumer à l’action de supprimer des données mais doit être compléter par l’action d’organiser ces dernières. Les objectifs de cette semaine peuvent se résumer de la façon suivante :
Dans ce cadre, cette première semaine du tri numérique a été l’occasion d’échanger des bonnes pratiques et des recommandations pour la gestion des données numériques. Un atelier a, en outre, été spécifiquement dédié à l’acquisition, au traitement et à la gestion des données générées par les analyses basées sur l’usage d’instruments numériques tels que les Sonde Atomique Tomographique (SAT), Microscope Électronique à Balayage avec Faisceau d’Ions Focalisé (MEB-FIB) et Microscope Électronique en Transmission (MET). Différents membres du laboratoire ont ainsi pu intervenir dans les différentes sessions organisées durant cette semaine, réunissant entre 37 personnes à la réunion d’introduction et 23 personnes à la réunion bilan sur les 140 membres composants le GPM. Les effectifs ont, de ce fait, oscillé entre 26 et 16 % des membres du laboratoire, pourcentage non négligeable au regard de la période dans laquelle s’est tenu cet événement. En effet, la rentrée universitaire est une période extrêmement chargée pour nombre de collègues mais il est bon de noter que cette première démarche de sensibilisation essaime puisque suite au questionnaire d’évaluation de l’événement, des collègues ont indiqué qu’ils feraient, malgré leur non-disponibilité sur le créneau proposé, du tri les semaines suivantes.
Pour répondre à l’enjeu de réduire les volumes de données, la semaine du tri numérique a permis, en particulier, de mettre en place :
Sur cet aspect diminution des volumes stockés, la semaine du tri numérique a permis de libérer 850 Go de stockage, le serveur hébergeant le 2 septembre 2022 15 158 Go contre 15 993 le 29 août 2022. Outre cet aspect de diminution, il a également permis à certains membres du laboratoire de vérifier que leurs données de travail étaient bien sauvegardées sur le serveur, ce qui n’était pas forcément le cas avant cette semaine de tri numérique.
Pour répondre au second enjeu soulevé par cet événement propre à l’émergence d’une meilleure organisation des données, l’initiative du GPM a donné lieu à la mise en place d’un modèle de plan de gestion des données (PGD) et a suscité une réflexion propice à la mise en place future :
Sur ce dernier point, il a d’ailleurs été souligné par un répondant au sondage d’évaluation de la semaine du tri que le numérique responsable devrait s’inscrire dans le plan de formation des personnels et des doctorants.
Cet événement porté par le GPM et cette dernière remarque souligne ainsi parfaitement la prise de conscience globale qui agite la communauté universitaire rouennaise sur cet enjeu si particulier et encore si mal appréhendé de l’impact matériel d’un service perçu comme immatériel. Le résultat de cette semaine, notamment d’un point de vue purement quantitatif (- 850 Go) démontre ainsi parfaitement que chaque action compte, que chacun d’entre nous, à notre échelle, somme un acteur de la nécessaire transition socio-écologique.